dana hilliot<p>L'extrait de Vertical, de Stephen Grahams, du jour. </p><p>Quand l'accaparement des terres n'est pas seulement une manière coloniale de récupérer les ressources locales, mais carrément à prendre au sens littéral : le vol pur et simple de "terres" importées depuis les pays les plus pauvres, pour agrandir les métropoles du monde ou pour sauver les spots touristiques. </p><p>Extrait traduit vite fait du chapitre 11 : Ground, Making Geology.</p><p>"De manière moins visible, la “récupération” basée sur le dragage fait également partie intégrante d’une myriade d’efforts de “rechargement” des plages dans les stations touristiques. Avec l’élévation du niveau de la mer, l’augmentation de la fréquence des tempêtes, le dragage des réserves de sable en mer et l’enfermement croissant des côtes dans des ouvrages en béton, l’érosion des plages coïncide avec d’énormes pénuries de sable à l’échelle mondiale. De nombreuses autorités des régions touristiques balnéaires, où le manque de sable est synonyme d’effondrement économique simple et immédiat, passent tout l’hiver à reconstruire des plages faussement immaculées avec du sable importé de partout où il est possible de s’en procurer. La crise est telle en Floride que les autorités ont même envisagé de broyer du verre recyclé pour produire le sable indispensable.</p><p>Cette « mise en valeur » des terres implique la capture verticale de plus que le sable adjacent : à mesure que ces réserves s’épuisent et que les projets prennent de l’ampleur, le sable est de plus en plus acheminé – légalement et illégalement – sur des distances de plus en plus grandes vers les sites de construction. En effet, cela signifie que les terres elles-mêmes circulent désormais des pays pauvres vers les pays riches, et des zones rurales vers les villes. L’architecte et géographe Joshua Comaroff écrit : « Ce qui est moins évident que l’augmentation des flux de capitaux à travers les territoires, c’est le flux du territoire lui-même. Il s’agit d’une forme d’appropriation, note-t-il, « qui diffère assez radicalement des saisies traditionnelles de territoires, par la guerre ou l’expansion coloniale ».</p><p>(…)</p><p>La Malaisie, l’Indonésie, le Cambodge et le ViêtNam, constatant que des plages entières et des îles sablonneuses disparaissaient du jour au lendemain à mesure que les mineurs légaux et illégaux profitaient de la campagne d’importation de sable de Singapour, ont désormais interdit les exportations de sable. Le territoire lui-même devenant une marchandise commercialisable et déplaçable, les diplomates parlent désormais de « guerres du sable » alors que les communautés locales luttent pour conserver les industries de la pêche et du tourisme, que les écologistes combattent la dévastation des écosystèmes côtiers et aquatiques et que les politiciens s’inquiètent du fait que les revendications de souveraineté nationale sont littéralement volées, les matériaux étant utilisés pour soutenir les revendications d’États et de villes-États riches ailleurs. De nombreux groupes locaux et ONG luttent aujourd’hui pour protéger les littoraux locaux – par exemple, la campagne organisée par la fondation indienne Awaaz contre l’exploitation minière illégale des plages du Maharashtra, autour de Mumbai, pour soutenir la construction de terrains et de bâtiments dans cette ville."</p><p><a href="https://awaaz.org/category/documentaries/" rel="nofollow noopener noreferrer" translate="no" target="_blank"><span class="invisible">https://</span><span class="ellipsis">awaaz.org/category/documentari</span><span class="invisible">es/</span></a></p><p>cf également l'article de Joshua Comaroff, "Built on Sand: Singapore and the New State of Risk"<br><a href="https://www.harvarddesignmagazine.org/articles/built-on-sand-singapore-and-the-new-state-of-risk/" rel="nofollow noopener noreferrer" translate="no" target="_blank"><span class="invisible">https://www.</span><span class="ellipsis">harvarddesignmagazine.org/arti</span><span class="invisible">cles/built-on-sand-singapore-and-the-new-state-of-risk/</span></a></p><p><a href="https://climatejustice.social/tags/StephenGraham" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>StephenGraham</span></a> <a href="https://climatejustice.social/tags/geology" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>geology</span></a> <a href="https://climatejustice.social/tags/vertical" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>vertical</span></a></p>